Petit concours

Hello les amis,

petit concours amusant au cœur de l’été.

Voici le dessin d’une voiture noire aux pneus à flancs blancs.

Il va falloir trouver la marque + le modèle + années de production.

Attention, dans cette marque, deux modèles peuvent avoir presque le même dessin, il y a un petit piège. Il va dont falloir y aller un petit peu au pif pour choisir lequel des deux modèles j’ai dessiné.

Donnez votre réponse en commentaire. Nous sommes mardi 11. Samedi 15 août à 20h, j’arrête et je lirai les réponses. Parmi les bonnes réponses, je tirerai au sort le nom du vainqueur. Et un second.

Le vainqueur gagne 100€ de remise sur un costume 2pcs ou une veste mesure, à réaliser avant le 30 octobre 2020.

Le second gagne une cravate 7 plis de ma petite collection à choisir avant le 30 octobre 2020.

 

A3 Landscape _ Master Layout

 

A vos marques, prêt, partez !

Meurtre au soleil 2

Ce soir suite et fin du long article sur Meurtre au soleil, film britannique réalisé par Guy Hamilton et sorti en 1982.

Un peu de musique d’abord.

 

Étudions les smoking pour commencer. La panoplie est variée, il y en a pour tous les goûts et tous les styles. Le beau Nicholas Clay alias Patrick Redfern porte un modèle croisé à col châle, ivoire, du meilleur style. Denis Quilley en Kenneth Marshall fait simple avec un croisé à col pointes noir.

Les trois autres protagonistes portent des smoking droits. En plus, le producteur de théâtre porte un gilet d’habit, droit et échancré alors qu’Horace Blatt porte un gilet croisé. Et bien pourquoi pas. Je le fais pour un client en ce moment, ce sera superbe! Ces deux messieurs portent le gilet blanc, probablement en coton piqué, à la mode des années 1910. Le gilet noir avec le smoking s’est un peu plus ancré dans les années 30, avant le remplacement des gilets par la ceinture plissée après la seconde guerre. Leurs cols cassés sont un petit peu haut et curieux, une déformation années 70. Le journaliste Rex Brewster porte un smoking à veste blanche. Logique sous les tropiques. Le col de chemise normal et le gilet blanc à boutons noirs apportent une touche de fantaisie un peu anachronique, peut-être plus années 60, mais au fond, cela n’est grave, car ainsi le tableau est bien panaché et équilibré. La composition du plan est belle.

C’est à cela que le film est grand par ses costumes. Sans s’enfermer trop dans une époque, le chef costumier Anthony Powell permet au réalisateur de brosser de vrais tableaux, équilibrés, aux motifs variés. Tout en donnant par le vêtement une profondeur aux caractères. Les tenues reflètent les personnalités, c’est très fort.

Evil Under the sun 1981 tuxedo 2

 

Petit saut de puce sur le personnel, élégant et chic. Les serveurs en spencer blanc et les grooms en gilet de service rayé. Des gilets à manches, comme cela se faisait pour le personnel de maison. Nestor dans Tintin porte des gilets à manche. Je me suis toujours demandé si c’est confortable, la construction n’étant pas celle d’une veste.

Evil Under the sun 1981 groom and waiter 1

Evil Under the sun 1981 groom and waiter 2

 

Repassons à Nicholas Clay en Patrick Redfern. Au fond c’est le beau-gosse utile du film et le fantasme au cœur de l’affaire d’Agatha Christie. Du coup, en dehors de son smoking blanc et de ce costume gris bleuté, il est le plus souvent seulement en slip de bain noir et les plans sur son postérieur sont  alors des plans serrés…! Le pauvre homme est mort d’un cancer à 53ans. La couleur du costume, de la cravate ou de l’ascot sont merveilleusement choisies pour faire écho au bleu de son regard. Les chaussures blanches, façon « bucks » sont toujours élégantes.

 

Passons maintenant à mon personnage préféré, James Mason jouant le producteur de Broadway Odell Gardener. C’est l’apothéose stylistique du film pour moi. Et sa femme, d’une vulgarité crasse est à hurler de rire! Homme riche, de plein pied dans le show-business, il fait étalage d’une garde robe expressive, un peu tape à l’œil, tout en confort et en aise. Le grand style de la maison Paul Stuart aux États-Unis. Une allure qui me rappelle délicieusement les créations de Marc Guyot par ailleurs. Voyez ce costume crème, avec des « spectator shoes » noires et blanches. La casquette donne toute la véracité au personnage, qui a probablement commencé crieur de journaux avant de se hisser en haut des affaires. Sa femme est délicieusement raccord.

James Mason as Odell Gardener 9

 

Sur le plan serré, on découvre un gilet noir et une cravate vichy noire et blanche. Superbe et visuellement très dense. Le côté duveteux du costume me fait penser que c’est un mélange 50% lin, 50% soie.

James Mason as Odell Gardener 8

 

Le personnage est habillé avec de forts contrastes. Son peignoir blanc gansé marine est sublime. Rien à dire. Et regarder encore comme le réalisateur place mari et femme dans la même position que le plan précédent.

James Mason as Odell Gardener 7

 

Sans trop se compliquer la vie, le costumier remplace la veste blanche par une veste noire (ou marine), du même tissu que le gilet précédent. Plus une chemise rose. Et hop, le tour est joué, deux tenues pour le prix d’une et demi!

 

Odell Gardener troque aussi les pièces à manche pour le chandail. Ce modèle marine à pois blancs est très intéressant. Même si sous les tropiques, nous aurions tous tendance à trouver cela bien trop chaud. Qu’importe c’est un film. De nos jours, le costumier mettrait probablement tout le monde torse-nu. Pourquoi faire du beau quand le moche coûte moins cher?

 

Et dans une des dernières scènes, l’apothéose continue. Ce costume avec ce gilet rayé et cette cravate à pois, c’est divin. Du coup, madame porte du pois aussi. C’est digne d’un oscar!

James Mason as Odell Gardener 1

 

Enfin pour terminer, repassons à Poirot. La robe de chambre est tissu chinois est superbe. Quelle dignité. Mais vraiment, il devait faire très froid dans cet hôtel pour supporter tel amoncellement textile!

 

Dernier mot, la tenue de bain de Poirot. Alors là! Le compositeur de la bande originale s’est d’ailleurs amusé. Lorsque Poirot apparait à l’image en peignoir de bain, la musique prend un tour burlesque ! Attention, voilà le « von Zeppelin » qui arrive. Génial.

Peter Ustinov as Hercule Poirot swimming suit4

 

Avant de laisser tomber cette sortie de bain pour découvrir le maillot de bain le plus hallucinant de l’histoire du 7ème Art. Le morceau de bravoure stylistique! Vraiment, quel plaisir. Quant à la poche poitrine brodée HP, Alexander Kraft devrait essayer! La ceinture rappelle la veste Norfolk portée par ailleurs. Intéressante étude vestimentaire. Notez aussi les souliers que l’on aperçoit, des spartiates nouées autour du mollet. Vraiment c’est fin. Ne cherchez pas cela dans une production française, c’est trop érudit.

Peter Ustinov as Hercule Poirot swimming suit3

Peter Ustinov as Hercule Poirot swimming suit2

Peter Ustinov as Hercule Poirot swimming suit1

 

Voilà. J’ai eu grand plaisir à faire ce dernier article de Stiff Collar. J’espère que vous avez en retour pris du plaisir à admirer ces belles images. Je vous souhaite un bel été et je vous dis, à bientôt!

Julien Scavini.

 

Meurtre au soleil

Je ne regarde pas beaucoup la télévision. Mais l’autre soir, lorsque j’ai vu que sur Arte démarrait une adaptation d’Hercule Poirot, je n’ai pas résisté. Un de ceux avec Peter Ustinov datant des années 80. Elles ne sont pas nécessairement mes préférées, l’atmosphère de la série anglaise avec David Suchet m’apparaissant plus précise, plus anglaise surtout.

Mais tout de même, ces grandes adaptations pour le cinéma ont du panache. Il y eut Mort sur le Nil (1978), Meurtre au soleil (1982) et Rendez-vous avec la mort (1988). Ceci dit, Peter Ustinov en plus de ces trois films interpréta Hercule Poirot encore trois fois, pour des téléfilms.

Malgré quelques éléments de kitsch typiquement années 70, ces grandes adaptations ont du style. Nino Rota composa la bande son de Mort sur le Nil. Et pour Meurtre au soleil dont il est question ce soir, c’est Cole Porter qui travailla! De quoi déjà, planter un environnement sonore de haut vol. Écoutez plutôt pour commencer :

 

Plongeons donc dans cette adaptation haute en couleur, qui fait du bien ces temps-ci. Anthony Powell qui avait reçu l’Oscar de la meilleure création de costumes pour Mort sur le Nil  reprit légitimement du service. Les habits masculins distillent une atmosphère typique des gravures d’Apparel Arts avec une goutte de tapage typiquement années 70. Mais l’esthétique de cette époque ne cherchait-elle pas justement à retrouver la grandeur d’années trente rêvées ?

 

Commençons par Peter Ustinov, alias Hercule Poirot, qui dans la V.O. parle un français parfait lorsqu’il faut, apportant une profondeur véridique au personnage du fin limier belge. Dans une des premières scènes, son smoking est associé d’un gilet classique et montant, bordé d’un « slip », minces bandes de coton blanc. C’est un peu curieux, mais pourquoi pas. Les costumiers de cinéma travaillent d’après photo, cela donc devait se faire. La pochette est mono-grammée HP. Le comble du chic, bien mise en évidence.  Et cette coupe à désert, diantre !

Peter Ustinov as Hercule Poirot 10

 

L’intrigue est lancée, tout le monde est arrivé sur l’île. Hercule Poirot loin de se reposer laisse déjà ses oreilles écouter et ses yeux balader. Il faut dire que les amitiés et inimitiés sont légions et se révèlent bien vite. Tenue amusante pour notre détective, un complet à veste « norfolk » ceinturée. Quatre boutons, bas carré, poches sans soufflets, mais dos avec un pli creux au milieu et une martingale. Du lin probablement.

 

Et bien sûr, des chaussures à guêtres. Sous les tropiques, quoi d’autre?

Peter Ustinov as Hercule Poirot 5

 

Un petit peu plus loin, Peter Ustinov change de pantalon, en recourant à une paire de knickers associé à des guêtres montantes, ou bandes molletières. Une trouvaille de style du début du siècle. On dirait un ornithologue allemand ! Mais quel panache.

Peter Ustinov as Hercule Poirot 4

 

A part cette tenue, il arbore au début et en fin de film, un complet grisâtre associé à un gilet de seersucker blanc, aux boutons fantaisie. Intéressant. Et toujours cette pochette ostensiblement disposée sur le HP. Si Alexander Kraft ose faire de même dans sa prochaine vidéo pour Cifonelli x Bentley, je lui offre une bouteille de champagne!

 

Vous avez fait attention à la chemise ? Je vous la montre en gros plan dans une autre scène :

Peter Ustinov as Hercule Poirot 7

La rayure est horizontale sauf sur la gorge boutonnée. Une trouvaille à montrer à Marc Guyot !

 

Passons à l’homme qui pousse Poirot à aller enquêter au milieu de ses vacances, Horace Blatt. Il a peu de scènes. Un blazer croisé 6×3 marine puis blanc suffit à habiller le personnage ; avec une seule cravate. Notez la montre tombant dans la poche poitrine retenue par une sangle en cuir. La grande fleur en soie alterne la couleur, avec la pochette, rouge sur blanc, blanc sur rouge. Simple et efficace. Ça fait un peu vieux riche à Monaco ce type de blazer, mais quelle allure quand même !

 

Le mari riche et mal aimé rencontre Poirot dès le bateau. Son costume gris n’est pas tout lisse, c’est un prince-de-galles sans fenêtre, super distingué ! Raffiné, discret mais expressif.

 

Tonnerre d’applaudissements pour sa veste de sport gansée de tissu à cravate. Quel chic, quelle distinction, quelle préciosité.

 

Apothéose lorsque la veste est tombée, le pantalon est ceinturé par… une cravate. Grand style des années 30 et 40 ! Quel plaisir décidément.

Denis Quilley as Kenneth Marshall 4

 

J’ai noté un peu plus loin, 1- la longueur des manches courtes du polo, plutôt longues et 2- la ceinture demi-montant du pantalon.

Denis Quilley as Kenneth Marshall 3

 

Un beau blazer à écusson complète la garde-robe du personnage de Kenneth Marshall. Joli ce carré de boutons dorés. J’aime bien les croisés avec les deux boutons décoratifs en haut, genre 6×2. Mais là c’est élégant tout de même en 4×2.

Denis Quilley as Kenneth Marshall 1

 

Passons au personnage de Rex Brewster ci-dessus en cardigan. Journaliste mondain, homosexuel patenté, il s’habille légitimement avec plus de décontraction, et avec un art certain des accords de couleurs, voyez plutôt :

Roddy McDowall as Rex Brewster 1

Ses sorties-de-bain, on dit aussi peignoir, sont extraordinaires. Oui oui! Et le costumier s’est amusé a en coudre deux, rien que ça. Une gansée de bleu pour aller avec le maillot de bain rayé, l’autre totalement rayée. Excellent !

 

Mention spéciale pour l’écharpe monogrammée là encore. Alexander Kraft, prenez des notes, en matière d’égocentrisme, il y a toujours à apprendre. Joke.

Roddy McDowall as Rex Brewster 4

 

 

La semaine prochaine, suite et fin de ce décryptage de Meurtre au soleil. Terminons ce petit tour d’horizon par quelques vues générales, distillant cette superbe atmosphère à la Apparel Arts. J’espère que cela vous a plu. Regarder un film image par image prend… du temps !

 

Belle et bonne semaine, Julien Scavini

 

La profondeur d’emmanchure

Lors d’une prise de mesure, vers la fin, je prête si possible une petite attention à l’allure de la manche et à sa position par rapport au corps, notamment sa manière d’épouser le galbe du devant. Je passe généralement quelques doigts le long du flanc du client pour aller jauger l’écart qu’il existe entre l’aisselle de la chemise et le fond de l’emmanchure. Je m’intéresse là à la profondeur d’emmanchure, un concept souvent discuté ça et là sur internet.

Petit rappel pour commencer. Une manche est raccordée au corps de la veste par une couture dite d’emmanchure. C’est un trou tout bête. C’est par là que le bras passe. Cette emmanchure se calcule de manière assez standard, par un ratio du tour de poitrine. C’est donc une donnée proportionnelle. Suivant la méthode calcul, ce tour d’emmanchure, ce trou, sera plus ou moins grand.

Les fabricants qualitatifs ont tendance à adopter une méthode de calcul donnant une emmanchure raisonnable, c’est dire à peine au large de l’emmanchure de la chemise mais pas trop non plus.

Quelle incidence cela peut-il avoir ?

Si l’on se plonge dans l’histoire du vêtement, sous l’Ancien Régime et jusqu’à la Première Guerre mondiale environ, les emmanchures étaient très hautes, trop hautes. Par haute, j’entends que le trou était véritablement petit, très étroit. L’aisselle est véritablement comprimée. J’ai déjà essayé un habit d’époque Charles X, et je peux vous dire que je le sentais « passer ». Mon aisselle était cisaillée. Cela avait un effet, d’ailleurs recherché, tenir le bonhomme. Ainsi oppressé par le vêtement, on a tendance à se redresser, à se tenir plus droit avec le buste bombé. Toute l’allure du frac.

Dans les livres de coupe de l’époque, les maîtres coupeurs faisaient d’ailleurs mention de ne pas trop couper l’emmanchure haute, de donner de l’espace au client. Il a fallu attendre longtemps pour découvrir le confort véritable dans le vêtement. En fait les années 30. Les costumes des années 20, souvent pincés avec une allure de minet avaient encore les emmanchures très hautes et les manches très étroites.

Mais avec les années 30 puis 50, les manches gagnent en volume, comme les pantalons d’ailleurs. Dans une manche de Jean Gabin, il est possible de mettre deux bras au moins ! Comme les manches gagnent en volume, les emmanchures s’élargissent, et se creusent comme on dit. L’aisselle est dégagée. Une véritable notion de confort naît. La veste devient du Cadillac, généreuse et opulente.

Car il faut le dire, une emmanchure profonde et large est très aisée à passer. Pour celui qui met la veste, le mouvement est plus simple, il faut moins lever le bras.

Toutefois, dans les années 70 et surtout 80, le prêt-à-porter a exagéré l’affaire et les emmanchures sont devenues de plus en plus profondes. Les manches raccordaient le buste sous le poitrail, une béance certes confortable mais qui commençait un peu à altérer la ligne.

Car plus l’emmanchure descend bas, moins le cintrage peut être appuyé. Emmanchure profonde est synonyme de veste large. Une mode. Indiscutable lorsqu’elle sévit.

Les bons tailleurs eux ont toujours étaient modérés. Quelques un se sont probablement laissés aller aux emmanchures profondes. Au fond elles sont une facilité.

Quelques grands tailleurs et je pense en particulier les italiens ont remis à la mode (tout ça n’est qu’effets de mode au fond) les emmanchures hautes. C’est même devenu une figure de style imposée pour les grands tailleurs en vue, concept distillé dans les bonnes feuilles comme The Rake.

L’emmanchure haute prend le bras très près, en dessous. Et va de paire avec un buste particulièrement près du corps. Il suffit pour s’en convaincre d’observer une veste de Lorenzo Cifonelli. Le buste est moulé et la manche apparait finement rapportée. Les volumes tailleurs sont ciselés et les emboitements savamment mis en valeur. La manche apparait comme très articulée sur le buste.

Théorème : une emmanchure haute ne s’envisage qu’avec une veste très appuyée. Une emmanchure profonde ne s’envisage qu’avec une veste très ample.

Contre exemple : j’ai déjà vu de médiocres prêt-à-porter ou même demi-mesures, d’une enseigne que je ne citerais pas, super-slim MAIS avec des emmanchures très profondes. C’était hideux. Une sorte de Dior raté. Cela clochait et faisait vraiment « chinois », passez moi l’expression. C’est qu’il y a tant d’usines sans talent là-bas.

A noter par ailleurs que l’emmanchure haute doit s’accompagner soit d’un embu important de la tête de manche (chose impossible en demi-mesure) soit d’un peu de générosité sur la largeur de l’épaule. Pour garde de l’aisance et ne pas être bloqué comme dans une armure. Deux points que cochent aisément Lorenzo Cifonelli, avec ses épaules plutôt larges et des têtes de manches volumineuses.

A4 Portrait _ Mise en page type

Toutefois, faire des emmanchures généreuses est plus facile. J’ai longtemps essayé de suivre cette tendance pour l’emmanchure haute. En butant souvent, c’est le cas de le dire, sur des clients, plutôt âgés, rétorquant se sentir serré, trop tenu sous la manche. Il me fallait alors creuser l’emmanchure, tâche fastidieuse dont je me serrais bien passé. Dès lors je me suis méfié et je reste prudent. D’autant qu’un client un jour m’a fait remarquer ce point essentiel : lorsque l’emmanchure est haute, l’effort sur le tissu sous l’effet de la transpiration est intense. La doublure s’use vite et surtout le tissu s’abrase juste sous la manche, il feutre.

Une emmanchure peut toujours se creuser, s’approfondir pour le confort. Mais jamais monter. Vous ne pouvez rajouter de tissu là où il n’y en a plus.

Dès lors, rester dans une sorte de norme m’a paru la plus sage des attitudes. Je présente ainsi ce point de mesure au client : « une emmanchure plus haute, vous la sentez un peu au début, les premières heures. Elle peut faire transpirer les sujets sensibles. Mais elle apporte un petit gain esthétique et aussi un confort différent dans les mouvements, lorsque vous lèverez les bras. »

Car le point essentiel de l’emmanchure haute, en dehors de l’articulation élégante des éléments de la veste, est le confort en mouvement. Lorsqu’elle est haute, l’emmanchure permet aux bras de bouger sans tirer le corps de la veste. Il est possible de faire quelques moulinets sans être gêné.

Toutefois, il me faut bien présenter aussi l’inverse. Dans une veste de conception généreuse et aux emmanchures un peu trop profondes, il est tout à fait possible aussi de faire quelques moulinets sans gêne. Au fond, tout cela n’est que partis-pris et lutte de chapelles. L’aisance est similaire dans une veste aux emmanchures profondes ou étroites. Le résultat stylistique en revanche, n’est pas le même.

Tant que la veste est belle et que le client aime la porter ! J’aime autant voir un vieux nager d’aise dans sa veste qu’un jeune minet faire le cador dans sa veste taillée à la serpe. Ce sont deux conceptions. Cela vaut toujours mieux que le sweat-shirt ou la veste étroites aux emmanchures béantes et mal calculées.

Bonne semaine, Julien Scavini

La veste-gilet

On ne peut pas dire que l’effervescence nous habite beaucoup ces temps-ci. Paris est curieusement si calme. Pour les commerces, je ne parle pas seulement du mien, cette mollesse inspire peu. Tout le monde semble ne s’intéresser qu’au très utile, rester chez soi, télétravailler et manger. Mince alors. Pour la vie en général, le plaisir de faire marcher la ville et la communauté, et la beauté au fond. Je ne voyais même pas quoi écrire sur le blog ce soir. A quoi bon ?

Mais il n’y a pas mieux qu’un bon bain bien chaud pour décanter les idées et les remettre en ordre. Et un peu de Brahms.

Aussi ai-je repensé aux puces et à mes derniers petits achats céramiques. Un plaisir. Je vais à celles de la Porte de Vanves. Au milieu des étales diverses et variées, du plus beau au plus ordinaire, il y a là un marchand spécialisé en belles fripes, Charvet, Arnys, Old England, Burberry’s et consort. Il présente toujours quelques chaussures élégantes aussi. J’échange toujours quelques mots avec lui. Dernièrement, mais je l’avais déjà vu en porter un par le passé, il avait revêtu une sorte de long gilet. La longueur d’une veste mais sans les manches. Ou autrement dit, un gilet mais de la longueur d’une veste.

Je ne sais s’il existe un mot pour appeler cet habit. Je sais que les catalogues d’Arnys en présentaient. Je sais aussi que le Prince Jardinier en propose (existe-t-il un site de vente en ligne avec des photos aussi floues et inélégantes ?). C’est certainement un vêtement de vénerie ou de chasse. Il a une petite allure d’ancien régime, un je-ne-sais-quoi de dignité et de panache aristocratique. Une décontraction mise en scène.

Le gilet long de ce marchand, coupé dans un tweed lourd, présente de grosses poches cartouchières à soufflets, très élégantes car les rabats sont en biais. Pas de poche de poitrine. Il se ferme comme une veste trois boutons avec des revers. Une veste presque, mais sans manche.

Le Prince Jardinier présente à l’inverse un gilet à l’allure plus martiale, avec un col de tunique. Et pour me combler, leurs exemplaires ont des passepoils contrastants aux poches. C’est frais et amusant.

En fait, je pense que la forme peut varier : revers classique ou col officier, bas carré ou arrondi, fentes dos ou fentes côtés. Suivant que le vêtement est fabriqué par un atelier de tailleur ou un atelier de chemise, ces fondamentaux peuvent évoluer.

A4 Portrait _ Mise en page type

En voyant le pucier, je me suis interrogé sur le moment. Est-ce très agréable à porter ? Suffisamment chaud ? En bref, est-ce que cela a de l’intérêt ?

Je n’aime pas beaucoup les pulls. Car soit ils mettent en avant un corps sans trop de forme s’ils sont moulants ; soit ils flottent en faisait paraitre le buste beaucoup plus gros que la réalité. Or l’avantage des pièces tailleurs, c’est que leur structure emballe et camouffle. L’entoilage donne de l’allure et un maintient au vêtement. Dès lors, ce grand gilet habille élégamment et tient au chaud le corps, en laissant les bras libres de leurs mouvements.

Ce n’est pas une mauvaise idée.

Toutefois, en termes de fabrication, c’est presque aussi cher qu’une veste à faire. Dès lors pourquoi se passer de manches pour le même prix ? Le gilet conventionnel n’a pas d’encolure, pas de tissu dans le dos où l’on place de la doublure, et il est coupé avec simplicité en quatre pans. Ce gilet-veste lui est strictement comme le corps d’une veste. Il demande donc un peu de travail.

Si j’avais du temps je m’en couperais volontiers un pour tester. Pour mon travail ce serait assez formidable. De la dignité dans la présentation, utile devant les clients, mais de la souplesse dans les actions manuelles. En fait, pour le jardinier, c’est une pièce super! En cette saison où il fait un peu chaud pour totalement garder la veste mais pas assez pour être en lin, il y a là une sorte d’intérêt!

Pour la mi-saison, et malgré mes hésitations, j’ai tendance à penser que peut-être, c’est une pièce utile et intéressante. Surtout pour l’allure en fait. Car d’allure, assurément, ce gilet n’en manque pas ! Plus que jamais il faut rester digne et élégant !

Bonne semaine, Julien Scavini

Messieurs les passepoils

Retournons ce soir aux sources du blog avec un article d’explication du tailleur sur le passepoil. Et non le « poussepoil » comme un client m’a dit récemment, ce qui m’a donné l’idée de cet article. Ce mot revient le plus souvent concernant les poches. Tour d’horizon. Le Larousse de 1901 donne la définition suivante :

 « PASSEPOIL (de passer, et poil), n. m. Militaire. Sorte d’ourlet en drap dont on borde diverses parties de l’uniforme ou qu’on applique sur certaines de ses coutures ; ENCYCL. La nuance des passepoils tranche le plus souvent sur le fond, et ils constituent ainsi un attribut distinctif. Originairement, les passepoils ont été imaginés pour permettre de remplacer aisément la partie des effets sujette à se salir et à s’user. »

La première définition donc, à mon plus grand étonnement, renvoie le passepoil à un ornement militaire et même à une sous-tâche, qui chez les tailleurs, est un travail inférieur à la grande structure du vêtement. Dans cette définition, le passepoil est similaire au sens moderne de ganse. Quoique la ganse est une pièce de tissu ramené par-dessus un bord, et non inséré dans le bord comme le passepoil. Sur la photo ci-dessous d’origine inconnue, le bord du devant est souligné par un passepoil rouge :

passepoil rouge

En effet, sur les vêtements militaires anciens, la couleur majoritaire du corps se voyait opposer aux bords une couleur secondaire, par l’intermédiaire des passepoils. Les vestes autrichiennes, un petit peu les forestières d’Arnys aussi, recourent à cet artifice permettant d’apporter subtilement une heureuse couleur secondaire, ce que la veste classique ne fait jamais. Sur la photo ci-dessous, une veste autrichienne présente un passepoil au bord en suède marron, comme du cuir, rappelant le col. Col qui lui-même présente un passepoil rouge.

passepoil veste autrichienne

Ceci dit, une définition plus moderne du mot est utile pour avancer. Le Larousse actuel donne la définition suivante :

« Bande de tissu, de cuir prise dans une couture pour former un liseré et servant de garniture. Ou. Ourlet en drap dont on bordait diverses parties de l’uniforme militaire ou qu’on appliquait sur certaines de ses coutures. Ou. Lanière prise en couture dans le rapprochement de deux pièces d’un sac, d’une tige de chaussure, etc. Ou. Tresse ronde servant à souligner l’arête d’un siège, d’un couvre-lit ou le bord d’un coussin. »

Cette définition est précise et large, c’est intéressant. Pour faire simple, un passepoil est une petite pièce d’étoffe (ou de cuir) prise entre deux coutures et qui forme un petit un bourrelet. Ce bourrelet peut-être plat (dans le cas d’une poche) ou rond s’il est rembourré d’un cordon (c’est le cas en tapisserie pour les fauteuils). D’ailleurs les anglais pour désigner des passepoils disent « piping », un vocable de tuyauterie. Imagé!

De nos jours, en textile, le passepoil est plus une manière de faire les poches que de rehausser d’une couleur. Quelques confectionneurs utilisent encore le passepoil coloré pour border la doublure, comme sur cette photo :

passepoil doublure

Il y a quelques années, j’avais fait un petit explicatif de couture pour montrer comment réaliser des passepoils convenablement, à l’occasion de la fabrication d’un gilet.

Les passepoils, c’est un peu l’alpha et l’oméga d’une veste voire d’un pantalon. C’est là que le tailleur prend du temps, car il y en a beaucoup à faire. Et c’est une opération plutôt longue et délicate. D’autant que les passepoils sont généralement situés là où la veste va endurer de l’effort : l’entrée des poches. Ci-dessous, la poche d’un smoking, deux passepoils brillants, simples :

passepoil smoking

Parce que le passepoil est un ouvrage précieux et délicat, James Darwen dans Le Chic Anglais dit page 67, que « les poches sont taillées dans le vêtement, et non plaquées. » Je comprends cette affirmation péremptoire dans le sens que les poches plaquées, c’est bon pour les paysans, la facilité même à fabriquer. Et la facilité d’ailleurs à remplacer si elles craquent. A l’inverse, les poches passepoilées, par leur longueur d’exécution, par la finesse de l’ouvrage et par leur fragilité intrinsèque, c’est une poche d’élite !

C’est pour cela aussi que les vestes dîtes de « workwear » sont dépourvues de poches passepoilées, trop raffinées, trop coûteuses, trop fragiles. Trois carrés plaquées à la machine à coudre sont plus économiques et endurants.

Le passepoil donc, sert aux poches. Ces poches sont aussi appelées poches crantés. Cranter le tissu, c’est le transpercer au ciseau. Ce que l’on fait pour ouvrir la crevée dans laquelle passera la main.

Si vous prenez une pièce de tissu, percer celle-ci pour y ouvrir une poche est simple. Mais protéger les bords du tissu de l’effilochure n’est pas simple.

Ainsi a-t-on recourt aux passepoils, deux minces bandes qui encadrent et protègent l’ouverture. Sur une veste, il y a deux poches sur le côté à l’extérieur et parfois une poche ticket. A l’extérieur toujours, la poche poitrine n’est pas passepoilée, c’est une autre technique. A l’intérieur ensuite, il y a généralement trois à quatre poches passepoilées.

Pour chaque poche, on peut compter un passepoil en bas, un passepoil en haut. Entre ces passepoils, il est possible de disposer une patte, aussi appelée rabat (comme à l’extérieur) ou une patte triangulaire (comme à l’intérieur). Sur la photo ci-dessous, le rabat s’intercale entre les deux passepoils. De fait, celui du bas est caché.

passepoils poches

Normalement, les passepoils se coupent à 90° du tissu général, pour être dans le sens résistant. Il n’est donc pas possible de raccorder les passepoils au motif de la veste. Sauf chez Anderson & Sheppard à Londres, qui les coupe avec raccord, comme sur la veste ci-dessus…!

Le pantalon compte généralement deux poches passepoilées à l’arrière. Les poches de côté du pantalon sont généralement réalisées dans un biais par une technique simple. Mais les tailleurs grande mesure adorent montrer leur savoir-faire en réaliser les poches de biais, et passepoilées. Il faut l’aisance d’un pantalon à pinces pour cela. Disposée un peu plus en avant sur la cuisse, la poche côté passepoilée est la simple démonstration d’une fine qualité et d’un certain tapage de la technicité. Car à vrai dire, c’est assez laid. Sur la photo ci-dessous, le tailleur Edward Sexton a essayé de réinterpréter son héritage tailleur pour proposer une poche avant de pantalon, passepoilée, à un seul passepoil épais :

pantalon poche passepoilée coté

A l’arrière du pantalon, les poches présentent parfois un seul gros passepoil. En réalité, celui du haut descend (sans s’enrouler sur lui-même) et celui du bas monte un peu plus pour recouvrir celui du haut. Me suivez-vous ? Il en résulte un passepoil unique et un peu large appelé… passepoil paysan. Une manière des tailleurs pour dissocier au cœur de leur corporation ceux qui font comme les grands, et les autres… Les règles de l’art des guildes ne se discutent pas. La petite poche gousset à l’avant des pantalons est parfois présentée sous la forme d’un petit passepoil paysan comme sur la photo ci-dessous :

passepoil paysan

Là encore, le passepoil paysan ne doit pas être confondu avec la poche poitrine, qui est une autre technique.

Double ou simple, vestes et pantalons sont à ma connaissance les seuls endroits où les tailleurs réalisent des passepoils. Et pour contredire la première définition, il est impossible de modifier, de remplacer des passepoils usés, car ils sont la poche même. Impossible de trifouiller quelque chose à cet endroit. Un passepoil craqué à l’angle est foutu. Les coins des passepoils sont leur talon d’Achille.

C’est pourquoi pour les rudes vestes d’extérieures et pour les blousons de cuir, les bouts des passepoils sont renforcés de mouches brodées ou plus sûrement de triangles de tissus cousus. Ou en tailleur fin, par des demi-lune comme sur la photo ci-dessous :

demi-lune

Les passepoils des poches sont donc de petits bourrelets aplatis de tissus qui garnissent l’ouverture. Jusqu’aux années 1920, lorsque le coût des ouvriers et ouvrières était ridicule, et lorsqu’il était de mise de piquer à la machine avec des points super serrés (qui abimaient la vue des ouvriers et ouvrières, mais qu’importe), les passepoils étaient ridiculement minuscules. Les ouvertures des poches faisaient à peine deux fois 1 millimètre. Une apothéose de miniaturisation textile permise par les ouvriers comme je viens de le dire, mais aussi des tissus à la densité exceptionnelle, inconnus aujourd’hui. Sur la photo ci-dessous, l’exemple des boutonnières est frappant. Les passepoils de celles-ci sont minuscules :

passepoils anciens

De manière standardisée, un passepoil sur une veste fait plutôt 5mm de nos jours, bien que les belles confections italiennes essayent de conserver 4mm. L’ouverture d’une poche est donc d’environ 1cm.

Petite rareté, les passepoils sont parfois utilisés pour réaliser des boutonnières. Sous l’ancien régime, les boutonnières passepoilées étaient aussi répandues que les boutonnières brodées. Avec le temps, les civils ont plus recourus aux boutonnières brodées. Les habits militaires ou de corps civils, comme les Académiciens, ont conservé jusqu’à nos jours les boutonnières passepoilées. Comme d’ailleurs encore les vestes autrichiennes et les forestières. L’occasion d’apporter de petites touches de couleurs. Sur la photo ci-dessous d’un forestière Arnys, les boutonnières passepoilées sont en vert. Comme l’intérieur du col. Et comme le passepoil inséré en bordure de la poche.

forestière

Une idée formidable et raffinée que j’ai réutilisée pour mes propres Maubourg. Les boutonnières passepoilées coûtent fort chères à réaliser, mais sont très élégantes. Toutefois lorsqu’elles sont d’une couleur contrastée, les clients sont effarouchés devant tant d’audace. Alors je me contente de proposer des boutonnières ton sur ton. Dommage toutefois.

Voilà pour le tour d’horizon de ce pinacle de l’élégance masculine. Un mot porteur d’histoire. Un ouvrage technique et savant. Le passepoil permet ainsi de transformer la veste en un vrai sac à main. Elle devient un couteau-suisse aux multiples rangements !

Bonne semaine, Julien Scavini

La chemise par dessus le pantalon ?

La période du confinement fut l’occasion de passer un peu de temps devant la télévision. Pour une fois. Si les soirées étaient un amoncellement de choses passables, les après-midi avaient plus d’intérêts, en particulier les vieux films. Ce fut l’occasion pour moi de revoir, ou presque de voir tant mes souvenirs étaient éloignés, le film « Le Cave se Rebiffe ». Oh que j’ai apprécié ce moment. Pas une phrase anodine, tous les dialogues sont ciselés. Une pure merveille aussi pour les costumes. Il y a un long article à faire pour décortiquer les tenues des uns des autres, si nettes et si élégantes.

Après ce rapide visionnage dans la mollesse de ces longs après-midi, j’ai acheté le film en VOD et je l’ai regardé de nouveau. Quel plaisir. Une séquence en particulier m’a intéressé, en rapport avec l’augmentation des températures de ces derniers temps.

La scène se passe à l’hippodrome, qui d’après le scénario se trouve en Amérique du Sud. En réalité, c’est celui de Deauville maquillé de quelques palmiers, Jean Gabin ne voulant pas descendre en dessous de la Loire par convenance personnelle. Il est avec Bernard Blier venu lui causer d’une nouvelle affaire aux profits faramineux… Ce dernier a ostensiblement chaud, il s’essuie le visage et porte sa veste sous le bras. A l’inverse, le personnage joué par Jean Gabin est à l’aise. Une aise royale !

Ils regagnent la décapotable de Jean Gabin, l’occasion de mieux découvrir la tenue de ce dernier. Elle est simplement composée d’une chemise, probablement en lin, à quatre poches, type saharienne. A cela s’ajoute un pantalon probablement en laine ou en mélange avec du mohair (ou du tergal à l’époque) et des souliers bicolores. Une tenue simple qui rejoint mes multiples interrogations ici sur l’élégance – décontractée mais pas trop – pour l’été.

Le grand intérêt de la tenue se trouve dans cette chemise portée, non dans le pantalon, mais par-dessus. C’est n’est certainement pas canonique. La bonne pratique impose de rentrer sa chemise dans le pantalon.

Pourtant, force est d’admettre que sa mise est élégante et racée. Qui oserait critiquer ?

Car le personnage de Jean Gabin compense cette apparente légèreté par une grande rigueur des coupes, des matières et des textures. Ce qu’il porte est beau. Cela se voit. Et il le porte bien, au-delà de cet aspect relâché. L’élégance des pièces fait cent fois oublier cette petite décontraction. Il respire l’aise – idéal sous le soleil – mais aussi le bon goût. Trois éléments plus le chapeau seulement : chaussures, pantalon, chemise. Un triptyque simple pour l’été. Et un maillot de corps sous la chemise.

Sortir la chemise du pantalon est peut-être plus beau car il a du ventre. C’est vrai.

Sortir la chemise du pantalon présente un avantage à mes yeux, celui de laisser celle-ci relativement nette. J’explique.

Lorsque l’on met sa chemise dans le pantalon, bien comme il faut, avec la ceinture bien ajustée, on est beau, les lignes bien tendues. Mais alors, il suffit de s’asseoir ou de bouger quelques temps pour qu’immanquablement la chemise s’extirpe du pantalon. Cela finit par être l’occupation permanente : remettre la chemise en place.

Mais hélas, on finit par avoir l’air d’être passé par la gueule d’une vache. On a beau tendre cette chemise bien en place contre le ventre et les flancs, elle est de moins en moins nette.

Dans la manière de Jean Gabin, s’asseoir froisse aussi le dos de la chemise, à la manière du polo. Mais au moins s’épargne-t-il cette tâche permanente de tout remettre en ordre.

Je ne dis pas qu’il faut ainsi faire pareil tout le temps. Seulement, en quelques moments choisis et avec de très beaux vêtements qui parlent d’eux-mêmes, c’est raffiné.

Dernier point. La chemise doit-elle être plus courte pour cet usage spécifique ? C’est probable mais peu marqué sur Jean Gabin. La ligne du bas de la chemise n’est pas arrondie sur les côtés mais fendue, une façon de coupe qu’utilisait Maria Fritollini, charmante chemisière qui travaillait auparavant à Paris. Cela donne une ligne plus proche de la veste.

Les marques modernes qui vendent des chemises à porter dessus le chino ont choisi de raccourcir les modèles, parfois de manière importante. Je soupçonne une économie de tissu plutôt qu’une vraie réflexion. Admettons qu’il soit mieux des les faire courtes. J’aurais tendance à dire, pas trop tout de même. Sur Jean Gabin, c’est précisément l’opulence et une certain longueur qui ne fait pas chiche, qui donne cette beauté à la tenue.

A voir et à essayer ! En musique.

Les aperçus d’écran sont difficile à obtenir car iTunes bloque cela. J’ai du photographier mon écran, pas simple. Les différentes vues permettent de se faire une idée plus précise de cette fameuse chemise. Elle présente des empiècements un peu « cow-boy » et des stries verticales. Les petites fentes latérales sont fermées par des trois boutons. Les deux poches basses m’ont l’air un peu factice. Les souliers sont de beaux richelieus, dans la pure tradition! Quel chic de s’habiller ainsi sous les tropiques. Les images s’agrandissent en cliquant dessus :

 

[EDIT] d’après le signalement général, cette chemise est une guayabera. Je suis ravi de savoir ce que c’est maintenant, je me coucherai moins bête!

Bonne semaine, Julien Scavini

 

La veste couleur « paille »

L’été, l’inspiration est toujours un peu moindre pour s’habiller élégamment. L’hiver, tweeds et flanelles proposent de nombreuses couleurs et une variété importante de motifs, unis, faux-unis et carreaux. Mais l’été, il semble que la garde-robe doive se faire plus discrète, plus simple. Pourquoi d’ailleurs ? C’est une excellente question.

Peut-être tout simplement car le bonheur est plus simple lorsque les températures sont clémentes et que les vacances approchent ? L’idée de se laisser vivre, de laisser faire, va alors de pair avec une penderie simple, des blancs, des bleus ciels, quelques beiges, de l’écru… A l’inverse de l’hiver où la lutte contre le froid s’accompagne d’une volonté de mettre en évidence avec panache cette recherche. Le vêtement, plus que nécessaire, se drape dans la complexité. Les couches s’empilent, cardigan, chemise, cravate, veste, pardessus, etc… Une abondance de tissu au double écho, pratique d’abord, esthétique ensuite.

A4 Portrait _ Mise en page type

La lumière d’été si écrasante et naturellement réconfortante se suffit à elle-même. Sous la pluie il faut déployer des trésors d’inventivité pour contrebalancer la morne nature. Mais sous le soleil au contraire, il faut accompagner en douceur cette clarté. Avec simplicité je crois. Plus l’on s’habille plus la recherche est importante ; moins l’on s’habille, plus une essence de simplicité élégante se fait jour ?

J’avais fait il y a quelques temps un article sur la veste de couleur tabac. Une merveilleuse teinte polyvalente et efficace en cette période. Étudions cette semaine la veste de couleur « paille », une nuance plus jaune et plus claire que le tabac.

J’avais acheté il y a de nombreuses années une sublime veste chez Hackett au temps où la marque anglaise vendait chez Old England. Un mélange je crois, laine, lin et soie. La couleur de la paille vraiment, avec une nuance verte assez appuyée en plus. Cette teinte facile s’accommodait très bien à des pantalons de coton de la même teinte ou plus clairs. Il n’y avait pas de risque de faire costume dépareillé, car les surfaces s’opposaient, soyeux contre mat. J’avais même tenté plusieurs fois le chino marine, qui allait assez bien car le tissu de la veste présentait de très légers carreaux marine justement. Et bien sûr, avec un pantalon gris clair, c’était tout à fait classique.

Cette veste, j’ai eu plaisir à la porter, puis au fil du renouvellement vers une qualité entoilée plus agréable, elle est partie à la cave où elle se trouve encore. Et c’est souvent que je me prends à penser à sa remplaçante.

Il me semble que cette nuance de beige est très agréable pour cette saison, pratique en même temps que lumineuse et remarquable. Faut-il encore trouver le bon beige, car très vite cette teinte chez les drapiers tire sur le vert, le grisâtre ou encore le jaune verdâtre. Ce n’est pas une recherche évidente. D’autant qu’il me semble que chaque client voit le jaune à sa manière. Enfin, c’est une impression, j’ai toujours l’impression de pas décrire les mêmes beige / sable que les messieurs en face de moi. D’après les commentaires, l’appréciation de cette couleur est très variable d’une personne à l’autre. Un tel trouvera ce beige chaud et agréable, un tel autre le trouvera laid. C’est plus tranché que pour un gris.

La laine unie genre gabardine n’est pas le meilleur choix me semble-t-il. Elle est souvent teinte en pièce et trop unie, trop proche du costume. Au contraire, là, il faut un peu de matière, un peu de relief, de la profondeur malgré la simplicité de la teinte. Un effet chiné, fil à fil, est préférable je pense. Pour donner un peu de richesse à la veste.

Un mélange avec du lin, ou de la soie est donc à privilégier. D’autant que les drapiers ne sont pas avares en la matière. Là où l’hiver est très simple dans les matières mais très varié dans les motifs et oppositions de couleur, l’été est sage en coloris mais pas avare en matières et beaux mélanges.

La laine apporte toujours la souplesse et la légèreté. Aucun tissu n’est plus adapté à l’élégance tailleur. C’est un fait. Le lin apporte une touche plus matte et une raideur à l’étoffe. Et il sèche très vite de la transpiration. Bon point. La soie contrebalance un tantinet le lin en apportant souplesse et luminosité, comme les drapiers font avec le cachemire en hiver.

La veste de la couleur de la paille, une beige assez chaud en fait, éclatant, est un juste milieu entre la veste en lin écru, de couleur naturelle, et la veste tabac, et à côté du blazer. C’est un modèle simple et polyvalent admirablement rehaussé par un tissu raffiné. Une belle opportunité pour composer des tenues variées, avec des pantalons blancs, gris ou beige voire bleu, avec des chemises blanches ou bleu ciel, ou plus complexes. La simplicité tout en élégance je crois.

Ci-dessous quelques échantillons trouvés dans mes liasses. Un peu de tout. J’ai écrit une légende sous chaque image, lorsque la souris passe sur la photo.

Bonne semaine, Julien Scavini

Une élégance du chiche

A chaque époque son paradigme d’élégance. L’après première guerre mondiale consacre l’homme poupée, aux épaules étroites et à la taille très pincée. Pour des chercheurs, cette allure juvénile qui se remarque dans les gravures commerciales est le souvenir d’une jeunesse considérablement balayée.

A l’inverse, les années 30 déclarent l’homme surhumain, et les costumes sont amples aux épaules, taillés en V, pour donner une carrure, préfiguration du look armoire à glace des années 50.

Il serait possible de penser que chaque décennie définie ‘son homme idéal’ en représentation, un étalon dans le sens du modèle. Les costumes sont coupés pour cet homme-symbole et tant pis si les autres ne rentrent pas dedans. En découle une liaison immédiate à l’âge. Quel est l’âge de l’homme idéal? Est-ce le quarantenaire au sommet de la réussite financière comme dans les années 80, Michael Douglas ou Richard Gere, hommes déjà mûr ; ou le minet androgyne fraichement sorti d’une école de design ?

Ainsi, suivant la période c’est le jeune qui s’habille comme l’âgé. Et inversement. La mode régence du dandy Brummell, très étriquée était parfaite pour la jeunesse dorée, les vieux lords bedonnant devaient suivre. A l’inverse, le confort des coupes des années 90, bourgeoises en diable, habillaient très bien le quarantenaire riche et affairé.

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De nos jours, il semble que la jeunesse fasse la tendance. Vestes courtes, pantalons serrés, reflets d’une époque aimant les corps minces, ‘au naturel’. Un lien sociologique et par tranche d’âge serait extrêmement intéressant à établir par une recherche approfondie.

Si sur un jeune homme, les coupes étroites vont bien, sur un monsieur, c’est parfois ridicule. Prenez notre Ministre de l’Intérieur, M. Castaner. Tout le monde admettra que c’est une homme bien bâti, un ‘beau mec’. Mais observez le chiche de l’allure! La veste est trop étroite aux épaules! La poitrine trop petite pour un tel coffre.

Enfin et surtout, les revers minuscules accentuent l’effet général : la tête parait énorme posée sur ce corps de garçonnet. Un vrai bilboquet. C’est d’autant plus triste qu’on sent bien, au fond, que l’homme aime les costumes et les tissus (notamment des carreaux discrets). C’est tout de même triste comme allure.

Beaucoup de messieurs gagneraient ainsi à s’étoffer un peu plus, dans le sens le plus propre du terme. Pour ne pas rendre visuellement leur corps boudiné de la sorte. Un costume étroit fait paraitre … gros. Il n’y a pas d’autre terme hélas. Même le Président Macron qui semble avoir pris un peu de poids dernièrement (cela se voit notamment au visage qui s’arrondit) parait de plus en plus petit dans ses costumes.

Mais de cela ils ne sont pas responsables, ou si peu, baignant dans un microcosme où le costume slim est la norme. M. Bernard Arnault donne d’ailleurs le la, avec ses costumes très minces. Mais il l’est tout à fait lui-même. Ramené à une population plus générale, c’est vraiment dommage cette mode française du chiche.

Car à l’inverse, les italiens proposent comme une force, aux hommes de paraitre tout simplement … bien bâtis. Sans parler des américains (et donc en partie de l’allure Suit Supply qui est très inspirée par l’Oncle Sam) qui aiment l’opulence de lignes faites pour des hommes. Des hommes d’âge mur, des hommes qui ne veulent pas paraitre minuscules dans des costumes étriqués.

Avoir un costume avec un peu d’ampleur ne veut pas dire nager dedans. Ne veut pas dire trop grand.

Avoir un costume avec un peu d’ampleur veut simplement dire confort et aisance. ET renvoie une ligne étoffée qui peut logiquement être le signe d’un intellect étoffé et solide. S’habiller de manière étriquée renvoie forcement quelque part à une philosophie d’existence!

Ci-dessous quelques images d’Attolini. Le mannequin d’un certain âge porte des vêtements qui lui sont adaptés. Il ne cherche pas à passer pour un jeune, ce qu’il n’est plus. Le style, les carreaux, les rayures, cela se discute. Le confort des vestes et la ligne des épaules en revanche font vrais. Il n’y a pas de volonté de rentrer au chausse-pied dans le vêtement!

 

Belle et bonne semaine, Julien Scavini

Le costume en coton

Évidemment, nous avons passé deux mois enfermés alors qu’il faisait un soleil radieux à l’extérieur. Et parfois même chaud. En ce jour attendu de déconfinement, il a plu! Je l’avais parié avec un ami sur un ton de badinerie il y a quelques semaines sans penser que … cela serait vrai. J’aurais du jouer un sous. Quoiqu’il en soit, en Mai, il est temps de sortir les tenues d’été de leur remise.

J’affectionne bien les costumes beige, car cela change résolument des couleurs de l’hiver, du gris et du marine général. Et puis cela se voit si peu. Un petit esprit suranné flotte sur le costume sable. C’était un grand classique de la garde-robe qui s’est perdu. Je pense surtout que celui-ci détonne probablement trop dans les environnements de travail institutionnels.

Il est évident que d’autres dépenses passent avant le costume beige. Là où il est possible d’envisager un peu plus de vêtements pour l’hiver, en tweed, flanelle et autres lainages lourds, l’été donne surtout envie de se vêtir le moins possible.

J’ai la chance par mon travail de pouvoir être en costume. Et en costume sable l’été. Donc je ne me prive pas.

Bien sûr on ne le dira jamais assez, la laine est la matière la plus respirante qui soit. Surtout si la trame de tissage est résolument ouverte, si les fils sont espacés. La laine froide a cet avantage de laisser passer une petite brise. Et un peu de mohair rend le tissu plus solide.

Toutefois à côté de la bien heureuse toison, je me suis essayé en 2015 à un grand classique masculin, le costume en coton. Les militaires depuis longtemps utilisent cette matière pour les uniformes tropicaux. Dans la vie civile, le costume de coton connait une grande variabilité de modes. C’est surtout une icône de la garde-robe américaine, pays qui subit des chaleurs écrasantes l’été. Et les anglais ont su lui donner ses lettres de noblesses.

Le coton a l’immense avantage de ne pas gratter par rapport à la laine. Un fait indéniable. Il est assez neutre thermiquement. En revanche le tissage serré ne laisse pas du tout passer l’air. Mais il sèche rapidement en contrepartie. Une longue succession d’avantages et inconvénients ne permettrait pas de toute façon de trouver un consensus pour ou contre. Le coton froisse presque autant que le lin, mais il est plus souple. Le lin est plus frais, mais le coton d’un entretien plus facile, etc… La lutte serait sans fin.

On dit généralement que les tailleurs n’aiment pas travailler le coton. Et c’est bien vrai. Cette matière, c’est la chienlit. Elle est difficile à travailler d’abord car toutes les coutures marquent. Même les bâtis laissent des marques. La mise sur toile est bien difficile, car c’est jamais net. Le coton ne drape pas, ne gonfle pas. Il n’a aucune mystique, aucune supériorité. Il est plat et sans relief. Le lin est bien plus facile et pardonne beaucoup au tailleur. Pas loin de la laine qui est généreuse et le tailleur son maître absolu. Le coton lui est revêche. Le coton n’en fait qu’à sa tête. Le coton marque!

Et puis alors surtout, le coton rétrécie. Vous avez beau le décatir, le laver, le repasser, il rétrécie. A cela se rajoute pour la veste en particulier sa rigidité. Même les cotons les plus fins sont raides. Et cela se ressent immensément dans la veste. Il n’y a pas d’élasticité naturelle. Là où la laine accompagne tous les mouvements ou presque, le coton reste là, il n’aide en rien. Et pour le porteur, pour le client, le couperet est souvent immédiat avec un manque de confort certain.

Pour ces deux raisons, le rétrécissement et la rigidité, j’ajoute en général à la commande une demi-taille sans le dire au client. Surtout aux épaules pour éviter qu’elles ne soient bloquées. C’est d’ailleurs un peu la même chose pour les vestes en velours. Un costume, donc une veste en coton, ne peut pas être près du corps, sinon, rien ne bouge. Et l’été en particulier, l’aisance est primordiale.

A4 Portrait _ Mise en page type

Une anecdote à ce sujet. L’année dernière, un client m’a commandé un costume en coton après quelques costumes en laine plutôt bien réussis. J’étais très réservé sur le costume en coton connaissant les exigences précises de ce client précis, et toutes les difficultés énoncées. Le costume arriva et quelque chose clochait sans pouvoir dire quoi. Mais ça tombait pas trop mal. Pas génialement, mais pas trop mal… Il se révéla au troisième et dernier essayage, le pantalon et la veste n’étaient pas coupés sur le même côté du tissu. En gros le pantalon présentait la face et la veste l’envers… Imperceptible à l’œil car le coton est d’un tissage très basique. L’atelier n’avait pas vu. Bref, j’ai relancé une nouvelle veste. La seconde , identique à la première, était pourtant trop serrée là, trop imparfaite ici.

Je le voyais sans pouvoir dire grand chose autre que, le coton, c’est une plaie pour les tailleurs. Et que j’aimerais faire mieux. Mais c’est du coton. J’ai fini par rembourser le client échaudé et moi avec. Heureusement un habitué s’est trouvé agréablement bien dans celui-ci, et je n’ai pas tout perdu…

Quoiqu’il en soit et malgré toutes ces problématiques, j’en suis à mon troisième costume de coton. Deux beige d’abord. Et un marine arrivé l’année dernière et pas encore tout à fait terminé. La vie est longue et je l’aurais un jour, rien de presse. Comme je les taille à peine ample, ils tombent bien. Enfin, autant que le coton puisse.

J’apprécie l’aspect un peu moins habillé que les costumes en laine. Ce léger froissé apporte une touche de décontraction intéressante. Un détachement. En même temps c’est un trompe l’œil, car le costume en coton, d’un coût similaire au costume en laine, est un détachement calculé. Une allure étudiée faussement décontractée.

Une forme de solidité, de rusticité se dégage du costume en coton. Un esprit d’habit de travail peu recherché, une tenue humble.

Le fait est que lors des fortes chaleurs, le costume en coton est agréable à porter, en particulier bien sûr le pantalon. Et puis surtout, cela permet aux costumes de laine de se reposer et de ne pas s’abimer à cause de la transpiration. Une variété stylistique doublée d’un intérêt de conservation. Allier l’utile à l’agréable!

Et puis avec deux costumes en coton, l’un sable, l’autre caramel, il est très élégant d’échanger les vestes et les pantalons. Un petit air de ce qui se faisait au début du siècle, où personne vraiment ne portait jamais le complet intégral, et où les couleurs claires étaient mixées entre elles. Un sublime camaïeu lumineux.

Bonne soirée, Julien Scavini

Un petit ajout : j’ai testé mes costumes dans un coton type chino, en 260grs ce qui me parait un bon poids. Plus lourd rendrait la veste trop raide je pense. Plus fin est possible mais froisse très fort. Un petit pourcentage d’élasthanne aide au confort, c’est certain sur la veste.